mardi 25 février 2014

Vivre sans travailler ?



Peut-on vivre sans travailler ??
Assurément oui…c’est ce que nous avons tous envie de répondre…on peut vivre sans travailler…nous connaissons tous des gens qui vivent sans travailler, à commencer par les retraités ou les chômeurs…

Nous pensons tous que nous serions plus heureux si nous avions plus de loisirs, si nous travaillions moins…

La véritable question nécessite d’expliciter ce que nous entendons par vivre, et ce que nous entendons par travailler…

Pour moi, vivre n’est pas seulement le contraire d’être mort…lorsque je parle de vivre, je parle de vivre pleinement, vivre des expériences agréables, enrichissantes, approcher le bonheur ou tout au moins l’idée qu’on s’en fait…ensuite travailler…le labeur, la pression ou l’ennui (c’est selon), la frustration…oui…mais aussi l’occasion de relever des défis, exercer nos compétences et les développer…

La plupart d’entre nous sommes dans l’obligation de travailler pour subvenir à ses besoins et rêve de travailler moins, d’avoir plus de loisirs. Cependant, une enquête sur le bonheur a montré que les circonstances où les personnes ressentent le plus de bonheur ne sont pas les moments de loisir…mais les moments où ils travaillent…

Le bonheur aurait 3 composantes : le plaisir, le sens et l’engagement dans l’action…

Une des choses qui nous rend heureux, est de nous engager dans une action qui va nous absorber complètement, au cours de laquelle nous allons « nous laisser emporter par le flux »…au point de nous oublier nous-mêmes, oublier le temps qui passe, la faim, la soif…des expériences dites « autotéliques », c'est-à-dire où nous sommes totalement absorbés, tendus vers un but…

Nous vivons tous des expériences de ce type, lorsque nous sommes concentrés sur la réalisation d’une tâche quelle qu’elle soit…il peut s’agir de rédiger un texte, gravir un sommet, réaliser une nouvelle recette de cuisine, peindre…des expériences au cours desquelles la tâche n’était pas forcément aisée à réaliser mais constituait une fin en soi. Des études ont montré que le plaisir procuré par cette expérience de flux constituait la principale motivation à poursuivre l’action qui le provoquait…alors qu’on se serait attendu à ce que la motivation tourne autour du besoin de reconnaissance, de la satisfaction du devoir accompli…etc.

Personnellement, je suis attirée par des tâches intellectuelles…et je ressens une grande satisfaction à m’absorber dans une lecture difficile ou pas, à la recherche de documentation sur un thème que je connais mal, à la rédaction de notes de synthèses ou d’articles narratifs…cette satisfaction, je la trouve bien dans la réalisation de la tâche elle-même…puisque ce sont des activités qui « ne servent à rien », que je pratique par pur plaisir, pour moi-même et que je n’en tire aucun bénéfice extérieur, puisque mes textes ne sont la plupart du temps lus par personne et que je n’ai pas non plus l’occasion de me mettre en valeur en parlant de mes lectures en société…

Je découvre avec satisfaction que des psychologues ont étudié ce phénomène, dans le cadre des recherches menées par le courant de la psychologie positive depuis les années 90. Ce type d’expériences porte même un nom : « l’expérience optimale »…la plus à même de procurer du bonheur !

Sous quelles condition une activité, quelle qu’elle soit, peut-elle nous permettre de vivre « une expérience de flux », « une expérience optimale » ?

Les études ont montré que, les conditions nécessaires pour « entrer en flux » sont d’une part les défis et des opportunités d’agir qui sollicitent nos compétences sans les inhiber et des objectifs clairs et un feed back immédiat à propos des progrès effectués dans l’accomplissement de ces objectifs.

Sans ce feed back, les personnes ne peuvent éprouver l’expérience du flux, tout simplement parce que celle-ci est une suite d’instants qui, ajoutés les uns aux autres, vont produire une continuité. Il faut pouvoir être rassurés à propos de l’instant précédent pour avoir envie de s’engager dans le suivant…

Concernant la nature des défis : il est essentiel que leurs exigences soient en rapport avec les compétences naturelles des individus. Lorsque ces exigences sont trop élevées, elles provoquent peur et anxiété. Lorsqu’elles se situent en deçà des aptitudes de la personne, elles provoquent un état de relaxation qui débouche rapidement sur un sentiment d’ennui.

Le flux dans lequel nous nous laissons emporter provoque, à chaque fois, une sensation plaisante, et le défi relevé nous apporte une gratification : nous avons le sentiment d’avoir « travaillé » à nos pleines capacités.


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